mardi 2 mai 2017

Fille d’Ishtar

J’entends ton appel, j’entends ta voix.
Tu me parle du Ciel, d'un autre temps.

Tu murmures: Je suis Ishtar, mère de tous les hommes, déesse millénaire aux confins du monde. Je suis venue, j’ai vu mais j’ai été vaincue.

Je t’écoute je t’écoute...

Tu es Cybèle et Isis, Mère Nature, fertile et porteuse de de vie. 

Tu me dis : Ma voix s'élève de mon tombeau. J’entends les tambours au cœur du monde qui m'appellent, me réveillant de ma torpeur, qui me font vibrer aux rythmes chantants des saisons nouvelles d’un monde qui ne me reconnais plus mais qui n’a pas vraiment changé.

Tout comme toi j’embrasse mes cycles. Je sais qu’il me faudra descendre aux enfers, dérobés de ma couronne, de mes ornements et mourir pour mieux renaître. Lune après lune, année après année.

Tu es Hécate et Ceridwen, enchanteresse aux milles atouts.

Tu incantes : Vous qui m’ignorez goûterez de ma magie. Ma conscience est mon armure, mon verbe est mon pouvoir. Femme je suis, aux connaissances immesurables et mes filles connaîtront mon chant. Asservies et soumises jamais elles ne seront plus.

Tout comme toi je suis sage et ferme. J’apprends mes limites et j’apprends ma voix. Je sais que cette vérité est mienne et qu’elle mérite d’être entendue au-delà des barrières interdites et des tabous.

Tu es Minerve et Kali, guerrière au front ceint. Amazone souveraine, sans peur et sans maître. Tu es Lilith, sauvage et terrifiante.

Tu cries : Entendez la férocité de mes sœurs, la voracité de leur cœur, la ténacité de leur ventre. Voyez leur yeux brûlants, leurs mains couvertes de sang, leur pieds enfouis dans la terre. Ma tribu est sans peur et elle réclame sa part du monde et rien de saura plus l’arrêter.

Tout comme toi j’ai la rage. J’ai faim. Mes dents serrées et mes poings fermés demandent justice pour mes sœurs et surtout justice pour moi-même. Je sais que ce monde est aussi le miens.

Tu es aussi Vénus et Aphrodite. À la fois déesse, amante, vierge et putain.

Tu chantes : Viens à moi et partage mon sein. Ma danse est enivrante et déroutante. Ma chair est plaisir et canevas de tes désirs. Je suis celle qui te fera voir les étoiles en te faisant l’honneur, tout cela pour ta plus grande joie ou ton plus grand malheur. Seras-tu celui ou celle qui demandera mon cœur?

Tout comme toi j'apprivoise mon corps. Je dévoile ma douleur sensuelle et je me vois vulnérable. Je réclame mon apparence et ma jouissance. Je suis mienne avant tout et je m’ouvre librement à l’expérience de l’autre sans jugements, sans attentes.

Tu portes en toi tous ces visages et tous ces masques.
Tout comme toi je suis multiple, je suis complète.

Tu murmures: Je suis ta mère et ta sœur, toujours à tes côtés, toujours à ton écoute. Sens ma caresse, entends mon chant.

Souviens-toi, souviens-toi…

- Anonyme